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Tour d'actualité Florian D’Agostini, Analyst, 2020-05-04

Le monde est à l’arrêt mais l’histoire continue

L’Europe s’effrite

Un vieil adage indique qu’après chaque crise, « plus rien n’est jamais comme avant ». Ce précepte, habilement critiqué par les économistes les plus expérimentés ne voyant en cette phrase qu’un acquis de bonne conscience, siffle néanmoins aujourd’hui aux oreilles des dirigeants de l’Europe. La raison est bien entendue liée à la gestion de la crise du Covid – 19. Jamais dans son histoire le Vieux Continent n’a semblé aussi désuni, à l’heure même où l’on demandait le contraire. Un des piliers de l’Europe ne repose-t-il pas sur l’idée d’une « sécurité » commune ? Tant martelée par nos dirigeants, la « guerre » que nous menons contre le virus n’est-elle pas suffisante pour avoir une ligne de défense coordonnée ?

Même s’il est certain que des échanges s’opèrent tous les jours entre les pays membres, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, plusieurs questions restent sans réponse. Comment est-il possible qu’il n’y ait pas eu une réponse sanitaire plus commune au début de la crise ? Comment est-il possible d’avoir laissé l’Espagne et l’Italie sombrer seuls en février ? Comment est-il possible de voir des Italiens demander de l’aide à la Russie plutôt qu’à l’Union Européenne ? Comme est-il possible que nos dirigeants les plus européens commencent à se recroqueviller sur eux même ? Comment est-il possible qu’une réponse économique commune prenne autant de temps ? Enfin, comment expliquer que le programme de recherche de l’Union Européenne « Discovery » soit aujourd’hui un fiasco ? La découverte d’un vaccin est devenue un symbole d’un manque criant d’unité. Une autre déconvenue est le revers essuyé par M. Bettel quant aux discussions pour un déconfinement commun et qui fait froid dans le dos. Heureusement il reste la BCE qui a eu la décence de sortir l’artillerie lourde au nom de la sauvegarde européenne.

Quoi qu’il en soit, beaucoup de ces interrogations vont donner du grain à moudre aux politiciens des extrêmes. L’opinion publique est d’ores et déjà en train de changer et les mois à venir ne vont pas être de tout repos : avec un taux de chômage qui est bien parti pour atteindre des sommets, des activités manufacturières et des services en zone de forte contraction, la réponse de l’UE se devra d’être rapide et chirurgicale car il faut que l’Europe retrouve une cohésion et ce avant d’atteindre un point de non-retour. Sinon quoi, comme par le passé, l’opinion public se chargera de la sanction.

Le pétrole agonise

Avec un WTI à -40 $ le baril (attention à ne pas confondre avec le Brent !), il est clair que le mois d’avril que nous avons vécu est probablement historique. « Probablement » car il est nécessaire de prendre des pincettes. En effet, les investisseurs n’ont souvent qu’une mémoire visuelle et ce d’autant plus à l’ère du digital. Regarder Bloomberg pour avoir un historique vous fera remonter aux années 80 avec l’apparition des premiers contrats sur le NYMEX. Mais si l’on se renseigne, dans les années 20 et les années 30, lors de précédents chocs pétroliers, on remarque que ce genre de phénomène d’un baril proche de 0 est déjà survenu. Dans quelle proportion ? Il est très difficile de le savoir car les conditions de marché n’étaient pas les mêmes et les grands oligopoles pétroliers n’étaient pas aussi diversifiés qu’aujourd’hui. Qui plus est, la question du stockage à l’époque ne se posait pas puisqu’en cas de chocs sur l’offre, les producteurs ne laissaient pas les prix du pétrole descendre sous 0 dollar le baril, ils le brûlaient … avec les conséquences écologiques que l’on peut imaginer… Ces pratiques n’étant bien entendu plus pensables aujourd’hui, le choc actuel est dévastateur pour le secteur.

Souvent, lors d’un problème, on cherche les coupables et pour la crise du pétrole actuelle, il n’est pas nécessaire de chercher bien loin. En effet, depuis 2015 et l’autorisation de Barack Obama de laisser s’exporter le pétrole US (abolition de l’interdiction fédérale d’exportation datant du premier choc pétrolier de 1973), la courbe de production de schiste des Etats-Unis est dramatiquement exponentielle. Donald Trump n’a fait que remettre un coup d’accélérateur sur un processus enclenché par son prédécesseur, entraînant de fait la colère de l’Arabie Saoudite. Les Etats-Unis sont devenus en quelques années les premiers producteurs mondiaux de pétrole, inondant totalement le marché. En déclarant une guerre indirecte à l’OPEP pour soutenir notamment son économie, le président américain s’est brûlé les ailes.

L’échec cuisant de négociations en février entre la Russie et l’Arabie Saoudite sur une baisse de production a été une première étincelle. Ce choc global sur l’offre s’est ensuite transformé en choc sur la demande lié au ralentissement causé par le Covid. Sans rentrer dans les détails d’ores et déjà expliqués par l’ensemble des sites d’informations, le déséquilibre actuel ne se résorbera bien sûr qu’une fois la demande revenue. Le problème à très court terme reste que les capacités de stockage sont pleines et plus personne ne veut de l’or noir. La courbe des futures sur le brut est aujourd’hui en contango, c’est-à-dire que le prix spot est moins élevé que le prix forward. Au-delà du fait que cela engendre une forte volatilité sur les contrats les plus courts (et qui explique le mouvement historique d’avril), c’est un véritable casse-tête pour la gestion passive sur le WTI qui explique des dichotomies de performances entre trackers et prix du WTI en direct. Celui qui a par exemple essayé de jouer le rebond depuis ce fameux jour à -40$ le baril est toujours bredouille. D’ailleurs, la situation est tellement tendue que sous l’afflux d’innombrables investisseurs voulant capter le sursaut, certaines maisons de gestion préfèrent bloquer les nouvelles entrées d’actifs.

In fine, dans tout ceci, les grands gagnants sont les sociétés qui utilisent le pétrole dans leur chaine de valeur (baisse des coûts) mais également les porte-monnaies de la population (dans le cas où elle continue à consommer du pétrole …). Un choc positif sur la demande, s’il s’opère un jour (on l’espère car il indiquera la fin du Covid), mettra du temps à avoir un impact sur le prix, et ce car les producteurs continuent d’inonder le marché. En effet, il faut comprendre qu’un arrêt complet de production est tellement préjudiciable en terme de coûts que les producteurs n’ont pas d’autres choix que de continuer à produire (que cela soit en Arabie Saoudite ou aux USA). Seuls les sociétés/pays aux reins les plus solides sortiront la tête de l’eau au grand bonheur de l’OPEP.

Les techs sont en folie.

TikTok, YouTube, Instagram, WhatsApp, Messenger, Facebook, Netflix, Zoom, tout autant d’application 2.0 qui aujourd’hui sont à la fête du fait de la pandémie du Covid 19. Les chiffres ne mentent pas et la hausse de 20% du temps passé sur les applications Smartphone au Q1 2020 par rapport au Q1 2019 montrent le changement de paradigme express que l’on a vécu. Faire ses courses ? Par internet … Travailler ? A la maison … Faire du sport ? Sur YouTube … S’occuper ? Sur TikTok … Payer ? Sans contact …

On ne sait pas combien de temps cette tendance peut continuer et surtout si cela est possible avec la même intensité dans la durée. Néanmoins, plus le déconfinement prendra de temps, plus ces nouvelles tendances de consommation risquent de perdurer et les géants de la tech se frottent les mains. En termes de revenus au Q1 sur l’App Store, ce sont quelques 15 milliards de dépensés et quelques 8.5 milliards sur Google Play, ce qui en fait le trimestre le plus prolifique de l’histoire. Au premier trimestre, ce sont 31 milliards d’applications nouvelles qui ont été installées, soit une hausse de 15% par rapport au quatrième trimestre 2019. Les téléchargements d’applications « Health & Fitness » sont en hausse de 40% par rapport à fin 2019, celles liées à « l’éducation » sont quant à elles en progression de 35%.

En dehors de l’univers des smartphones, les chiffres dans le Gaming sont délirants. Les flux observés sur des plateformes comme Steam montrent des niveaux d’activité journaliers équivalents à ce que l’on voit chaque année pendant la période de Noël. L’arrivée de jeux au « monde ouvert » et où on jette des centaines de joueurs sur une carte est en verve. Il n’y a qu’à voir la popularité du jeu Warzone sur lequel des mises à jour sont fréquentes pour maintenir une jouabilité tant le flux de joueurs est important.

Quoi qu’il en soit, que cela soit pour le E-Commerce, la livraison de nourriture à domicile, le segment du jeu vidéo, la vidéo en ligne, les réseaux sociaux, le cloud, le travail à domicile, les conférences, les messageries, les résultats de certains noms de la cote ont déjà montré qu’il existait une vraie résilience des revenus et ce même avec le Covid 19. Ces groupes souvent très gros profitent certes de la tendance mais souffrent cependant d’un ralentissement dans certaines de leurs activités, notamment la publicité à l’heure où les annonceurs commencent à couper les dépenses. Mais la résistance du Nasdaq depuis le début d’année montre que les techs ont pris un caractère systémique et certains se prennent même à rêver du cloud comme une nouvelle « utilities » . 

Les nouveaux plans d’investissements annoncés dans ce fameux Cloud par des SAP, Microsoft ou Amazon montrent tout l’enjeu du segment. Qui plus est, aujourd’hui, entreprise de la Tech n'est pas forcément synonyme de robotisation à 100%. Un exemple : Amazon, c’est 100 000 nouvelles embauches en un mois aux Etats-Unis. Le groupe, sous le feu des critiques quant aux conditions de travail dans la société, a annoncé jeudi passé utiliser les profits opérationnels du Q2 (au grand dam des actionnaires) pour améliorer en autre la vie de ses employés. A l’heure des réseaux sociaux comme principal véhicule d’informations, ces groupes marchent sur des épines et la réputation est devenue primordiale. Du quasi philanthropisme …

Même si rationnellement on peut dire que l’engouement actuel sur les segments de l’économie en verve est probablement trop euphorique à la vue de certains cours boursiers, il n’en reste pas moins que les Amazon, Alibaba, Tencent, Visa, Microsoft, Alphabet et consorts donnent tout de même sacrément l’impression d’aller dans le sens de l’histoire. Et ce au grand dam de l’industrie « classique » qui subit la tempête « Covid » de plein fouet sans forcément de relais de croissance 2.0, d’où un attrait moindre actuellement en bourse. Ce n’est pas pour autant la fin de l’industrie mondiale et, qu’on se le dise, les sociétés du Cloud et digitalisées dépendent de l’ensemble des segments d’activités.

En attendant, comme disent les Millennials : « Ok Boomer » !

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