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​Craintes de récession : le retour en force Aline Beckers, Marketing & Communication, 2019-08-19

Rien ne va plus depuis la menace assassine de Donald Trump le 1er août. La grisaille n’avait rarement autant marqué l’humeur ces derniers mois … 

Comme pour nourrir ce pessimisme ambiant, la semaine avait ouvert couverte de nombreux nuages : un Donald Trump laissant planer le doute sur la poursuite des discussions commerciales avec la Chine en septembre (les Etats-Unis ne sont « pas prêts » à signer un accord, avait-il déclaré), des manifestations à Hong Kong qui s’éternisent et se voient menacées d’intervention par Pékin, une crise politique italienne, et enfin le risque de voir le retour d’une politique très gauchiste en Argentine. Mais LA source d’anxiété nous est une fois de plus venue des taux. 

Les craintes de récession ont été le moteur de volatilité cette semaine et sont presque parvenues à faire oublier le report officiel du 1er septembre au 15 décembre de l’imposition des droits de douane de 10% sur certains produits chinois, dont l’électronique grand public et les jouets. Appel très « productif » avec la Chine selon Donald Trump, négociations commerciales qui « vont de l’avant » selon son principal conseiller sur le commerce … La semaine nous a aussi livré des signaux positifs sur la poursuite des discussions commerciales (la grande frayeur de la semaine précédente), même s’il convient de composer avec le caractère versatile de ces déclarations. On le sait, les marchés resteront à la merci des moindres mots sur le sujet commercial, et jamais un compte Twitter n’aura autant été suivi par les analystes.   

Les yeux rivés sur la courbe des taux US 

Mercredi, le furtif mais très symbolique passage du taux d’intérêt à 10 ans américain sous le taux à 2 ans (une première depuis 2007) faisait à nouveau parler les Cassandre, et remonter d’un cran les craintes de récession. 

Jusqu’à maintenant, cet événement avait bien « prédit » les récessions passées. Oui mais … Il a existé un lapse de temps entre récession et inversion, un décalage qui s’est étendu jusqu’à presque 3 ans dans le passé. Et c’est sans compter aussi sur le caractère inédit de la situation actuelle sur les taux, les mesures exceptionnelles d’assouplissement quantitatif dont la crise de 2008 a marqué l’avènement, et l’inflation inlassablement faible (encore confirmée par les derniers CPI) qui faussent probablement le signal et cassent un peu les codes…     

Cela veut-il dire qu’il faille fermer les yeux sur ce signal envoyé par le marché obligataire ? Non. Un tel mouvement reste une indication que les perspectives à long terme continuent de se dégrader, sans être un prédicteur d’avenir infaillible, et encore moins une cause de récession (corrélation ne vaut pas causalité !). Il convient surtout de rester attentifs à l’ensemble des signaux envoyés par l’économie…

Et autant dire que d’un point de vue données macroéconomiques, la semaine était également chargée... Mais dans l’ambiance pessimiste de la semaine, les seules données positives en provenance des Etats-Unis ont été perçues comme des messages contradictoires, qui plutôt que de rassurer, semblaient laisser les marchés comme dans l’inconfort. 

Une pluie de données macroéconomiques

Outre-Atlantique, les permis de construire ont surpris positivement (1,34M), mais la vraie bonne surprise nous venait surtout des ventes au détail (+0,7%), en progression par rapport au mois précédent alors qu’elles étaient attendues en baisse. Le secteur manufacturier dans les districts de New York et Philadelphie surprenaient eux aussi agréablement (indice manufacturier de la Fed de New York à 4,8 ; indice Philly Fed à 16,8 contre un consensus à 9,5). En revanche, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont déçu (220k contre des attentes logées à 212k) mais sont encore loin de donner des signes de retournement, et restent proches de niveaux de plein emploi, de même que les taux d'utilisation des capacités de production (77,5%), la production industrielle (-0,2%) et les mises en chantier (1,19M). Enfin, l'estimation préliminaire de l'enquête de l'Université du Michigan indiquait une détérioration de la confiance des consommateurs américains en août, ressortant à 92,1 (consensus 97,0 et 98,4 précédemment). Ce premier signe d’inquiétude des Américains sur les tensions commerciales ne devrait pas passer inaperçu auprès de Donald Trump, en pleine campagne ...

En Europe, l’Allemagne offrait une vue plus terne et reste LA source d’inquiétudes. Le moral des investisseurs allemands se dégradait encore nettement et n’annonçait pas de bien belles perspectives économiques, ni pour l’Allemagne, ni pour la zone euro. L’indice ZEW chutait de -24,5 à -44,1 concernant l’Allemagne, et de -20,3 à -43,6 concernant la zone euro, une baisse nettement plus forte qu’anticipé. La production industrielle en Europe reculait de 1,6% en juin (consensus -1,5%) et, sans surprise, la croissance du PIB au second trimestre est ressortie à +0,2%. Comme attendu, le PIB allemand se contractait quant à lui de -0,1% au T2, affecté par une baisse des exportations, alors que la consommation intérieure, quant à elle, s’est bien tenue, indiquant une économie étranglée par la montée du protectionnisme.

Et encore plus directement affectée, la Chine, dont la production industrielle ne progressait que de +4,8% en glissement annuel en juillet. C’était moins qu’escompté par les analystes (+6,0%) et que le mois dernier (+6,3%). Les ventes au détail ne furent pas en reste, à +7,6% YoY (consensus +8,6% et +9,3% précédemment), mettant en évidence la grisaille planant aussi sur la demande intérieure. C’est un nouveau coup de pression au gouvernement chinois pour qu’il engage des mesures de soutien supplémentaires …     

Et pendant ce temps-là …

  • Aux primaires en Argentine, la victoire plus écrasante que prévu du gauchiste Alberto Fernandez, très proche de l’ancien gouvernement (Mme Kirchner) face au Président sortant Macri faisait l’effet d’un trou d’air sur les actifs argentins ;
  • L’Italie reportait l’analyse de la motion de défiance déposée par Salvini ;
  • Trump voudrait acheter le Groenland?! ;
  • Le chiffre de la semaine : 1,7 millions. C’est le nombre de manifestants encore rassemblés dimanche dernier à Hong Kong selon les organisateurs. Un rassemblement purement pacifique. 

À suivre cette semaine 

  • Jeudi marquera l’ouverture de la grande réunion des banquiers centraux et autres professionnels de la finance avec le symposium de Jackson Hole. Après une semaine à nouveau marquée par les craintes des récession, ils sont attendus au tournant ! 
  • À cette occasion, Jérôme Powell est attendu pour un discours ce vendredi. Donald Trump a donné un avant-goût la semaine dernière (en résumé : le problème n’est pas la Chine mais Jerome Powell) : il aura certainement son bouc émissaire pour cette semaine, avec la conférence de Jackson Hole en toile de fond.


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