logo-weekly-review-bis-small.png

Guerre commerciale ou guerre des monnaies, ces termes ont fait frémir Aline Beckers, Marketing & Communication, 2019-08-12

Donald Trump nous a fait vivre une semaine chaotique ! Le 1er août, le Président américain annonçait 10% de droits de douane sur les 300 milliards de dollars d’importations chinoises encore épargnées. La Chine promettait une réplique, on n’a pas été déçus…

La semaine s’est ouverte sur un arrêt des importations de produits agricoles américains décidé par la Chine et un fixing du yuan vécu comme un boulet de canon. Un yuan affaibli à presque 7 pour 1 dollar a été interprété comme une guerre des changes en riposte aux tensions commerciales ranimées par Donald Trump.

Pour rappel du fonctionnement du yuan CNY, la Banque Populaire de Chine fixe chaque jour son taux de change avec le dollar US et laisse ensuite fluctuer la devise de +/-2% autour de ce taux pivot. Jusqu’à maintenant, la BPC semblait veiller à la stabilité du yuan pour ne pas faire dérailler les négociations, et surtout protéger ses réserves de change. Un cours USD/CNY à 7 est un niveau psychologique important puisqu’il n’avait plus été atteint depuis la crise de 2008. En fin de semaine, le CNY atteignait déjà 7,06, malgré des signes de bonne volonté de la banque centrale chinoise durant la semaine.  

La Chine utilise-t-elle l’arme monétaire ?

En tout cas, cette éventualité a provoqué une réaction assez violente en bourse. Les indices américains enregistrant lundi leur pire séance depuis décembre 2018, lâchant jusqu’à -3,47% pour le NASDAQ.

Si la Chine dévaluait intentionnellement sa monnaie pour compenser la hausse des droits de douane et faire rager le Président américain, cette arme serait également à double tranchant : le pays prendrait le risque de voir fuir les capitaux, mais altérerait aussi ses efforts pour soutenir sa consommation intérieure. Il entraînerait à la baisse les devises émergeantes alentour, et à l’inverse, les devises fortes seraient bien positionnées pour en pâtir à la place (l’euro a progressé de +0,83% sur la semaine contre USD).  

Bref, un scénario anxiogène pour les marchés, qui doivent faire face à une situation commerciale aussi délicate qu’elle ressemble à un « jeu » de poker : Etats-Unis et Chine vont-ils continuer à jouer à se faire peur jusqu’à s’irriter à l’usure et rompre définitivement les négociations ? Ou l’une des parties va-t-elle « se coucher » ? Jusque quand l’escalade peut-elle durer ?      

Ces mouvements sur la devise ont en tout cas valu à la Chine d’être officiellement qualifiée de « manipulatrice de sa devise » par les Etats-Unis, une première depuis 25 ans. La BPC reste quant à elle vague dans ses intentions réelles et se défend de faire usage d’une dévaluation compétitive. L’affaiblissement de sa conjoncture, aggravé par la taxation des échanges internationaux, ont en effet été de nature à faire baisser la valeur du yuan…   

Mais la vraie question reste finalement de savoir si les deux parties sont encore volontaires de trouver un accord et toujours prêtes à discuter. Et sur ce point, la semaine s’est clôturée sur des commentaires peu encourageants de Monsieur Trump.  Les Etats-Unis ne sont « pas prêts » à signer un accord avec la Chine, a-t-il déclaré vendredi.

La peur ravivée et des marchés secoués

Dans ce climat d’inquiétude ranimée pour l’économie globale, trois nouvelles banques centrales, non systémiques, mais non moins un symbole, rejoignaient le mouvement de l’assouplissement monétaire : Nouvelle Zélande -50 bps, Thaïlande -25 bps, Inde -35 bps. Ce qui a évidemment eu don d’agacer Donald Trump, toujours plus critique vis-à-vis de la Fed.

L’aversion au risque a clairement repris ses quartiers, et l’or, son statut de valeur refuge, passant au-delà d’une barre symbolique de 1.500 USD l’once, traduisant un rebond de +3,82% sur la semaine.

Autre « safe haven » incontesté : les emprunts souverains.  On s’insurgeait la semaine dernière d’un passage inédit de l’entièreté de la courbe des taux allemands en territoire négatif ; le rendement à 30 ans s’y est clairement installé. Il clôturait la semaine à -0,07%, atteignant jusqu’à un plus bas de -0,15% en intraday, au cœur d’une journée durant laquelle les rendements obligataires se sont littéralement écrasés, faisant revivre les scénarios récessifs. Les Treasuries n’étaient pas en reste non plus, avec un rendement à 10 ans finissant la semaine à 1,75%, un plus bas depuis 3 ans.

Les marchés actions ont bien tenté le rebond, mais le bilan reste toutefois négatif, surtout en Europe. Notre Vieux Continent dut en plus faire face à une crise politique en Italie (fin de la coalition Ligue du Nord – M5S), et aux probabilités accrues d’un No Deal Brexit face à un Boris Johnson déterminé à renégocier avec une Europe inflexible sur les termes de son accord, et décidé de sortir de l’Union le 31 octobre comme prévu. L’Euro Stoxx 50 enregistrait une perte hebdomadaire de -1,26%, -1,50% pour le DAX, et -0,58% pour le CAC 40. Aux Etats-Unis, le S&P 500 baissait de 0,46%, le Dow Jones de -0,75%, et le NASDAQ de -0,56%.

Peu de statistiques économiques encourageantes, sauf une exception

Le moral des investisseurs s'est encore dégradé en zone euro : l’indice de Sentix est passé de -5,8 le mois précédent à -13,77, soit des plus bas niveaux depuis octobre 2014. Le PIB britannique s'est contracté de -0,2% au deuxième trimestre par rapport à l’année dernière, une première depuis fin 2012.

En Chine, l'activité des services a montré un léger signe de faiblesse en juillet, s’affichant en baisse par rapport au mois précédent  (indice PMI ressorti à 51,6 contre 52,0 le mois précédent). Les prix à la production ont baissé de 0,3% pour la première fois depuis 2016. La bonne surprise est finalement venue des exportations, reparties à la hausse en juillet malgré les tensions commerciales qui hantent l’économie chinoise. À +3,3% en glissement annuel, après -1,3% en juin, les exportations chinoises avaient bien profité de l’apparente accalmie retrouvée avec Donald Trump à Osaka, juste avant que le fameux tweet de Donald Trump ne renverse la situation. Les importations apportaient elles aussi un signal plus encourageant sur la consommation intérieure, baissant un peu moins que prévu (-5,6%, consensus : -9%).

Aux Etats-Unis, le PMI services reculait également de 55,1 précédemment à 53,7, et l’indice des prix à la production (composante core) s'est replié de 0,1% (+0,3% un mois auparavant).    

Et pendant ce temps-là ...

  • Matteo Salvini fait éclater la coalition Ligue-M5S. La ligue du Nord dépose une motion de censure contre le Gouvernement en place. Salvini souhaite de nouvelles élections au plus vite ;
  • La situation ne s’arrange pas à Hong Kong ; chaque weekend, les manifestations s’amplifient ;
  • Le gouvernement indien retire le statut spécial dont bénéficiait l’État du Jammu-et-Cachemire, les tensions montent avec le Pakistan, la roupie dévissait ;
  • La déforestation s’intensifie au Brésil pour atteindre la taille du Luxembourg ;

Cette semaine …

Chine – Etats-Unis, Italie, Brexit … les principaux nuages sont bien de retour. La semaine sera également très chargée sur le plan macroéconomique (indice de confiance ZEW, première estimation du PIB au second trimestre en Europe, indice des prix à la consommation, ventes au détail US, l'indice Philly Fed, indice de confiance de l'Université du Michigan, …).


Avez-vous des questions ? Des suggestions ? N'hésitez pas à nous contacter.   

DISCLAIMER : Le contenu ci-dessus a été produit et est diffusé par Pure Capital S.A. Cette publication ne doit en aucun cas être assimilée à une offre en vue d’acquérir/vendre un instrument financier ou à une quelconque activité de démarchage ou de sollicitation à l’achat ou à la vente de d’instruments financiers ou d’investissement. Toutes les informations publiées ici ne sont fournies qu’à titre informatif et ne constituent en aucun cas des conseils en investissement. Néanmoins, aucune garantie ne peut être donnée sur leur exactitude ou exhaustivité. Ces informations n’ont pas été préparées conformément aux exigences légales favorisant l'indépendance de la recherche en investissements, et devraient dès lors être considérées comme une communication marketing. Bien que ce contenu n’est soumis à aucune interdiction d'utilisation avant sa diffusion (par exemple pour exécuter des ordres), Pure Capital ne cherche pas à en tirer profit. Cette publication ne peut en aucun cas constituer une base primaire à des investissements. Tout investissement devrait être le fruit d’une décision suffisamment éclairée et avertie. 

Which type of Investor are you ?

What is your country of residence ?

What is your country of residence ?