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La semaine de la BCE, et pas que … Aline Beckers, Marketing & Communication, 2019-09-16

La semaine dernière pouvait globalement se résumer en 4 mots : package monétaire et apaisement commercial. 

Le « bazooka » de Mario Draghi

Pour son avant-dernier rendez-vous avant la reprise de flambeau par Christine Lagarde, Mario Draghi n’a pas déçu. Il s’est montré tout juste à la hauteur des attentes du marché, en annonçant un « pack » complet pour « stimuler » l’économie européenne et relancer l'inflation, et en même temps limiter les effets négatifs sur les banques.

Comme attendu, le taux de la facilité de dépôt fut abaissé de 10 points de base supplémentaires, et s’affiche désormais à -0,50%. Pour limiter le poids de ce qui pourrait être apparenté à une « taxe » pour les banques déposant leurs liquidités excédentaires auprès de la banque centrale, et ne pas entraver ainsi le mécanisme de transmission de sa politique monétaire, la BCE mettra en place son fameux système de « tiering ». Ce système à deux niveaux de rémunération des réserves détenues par les banques commerciales les exonèrera pour une partie du taux négatif de la facilité de dépôt.

Troisièmement, la BCE améliorait les modalités des opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO III), ces prêts à long terme accordés aux banques pour les inciter à accroître leurs activités de prêts au profit des entreprises et des consommateurs de la zone euro.

Et enfin, dernière mesure mais non des moindres, la plus controversée parmi les gouverneurs de la banque centrale : la BCE reprendra son programme de rachat d’actifs pour un montant de 20 milliards d’euros par mois à partir du 1er novembre (on avait atteint jusqu’à 80 milliards de rachats mensuels en 2016). Si l’ampleur ne semblait pas atteindre les attentes du marché (la réaction fut d’abord négative pour se renverser très rapidement), la durée indéterminée de ce nouveau QE raisonnait comme un son particulièrement accommodant. Elle y aura recours « aussi longtemps que nécessaire ». Mais cette reprise du QE ne fit pas que des émules, subissant les désapprobations des « faucons » habituels que sont les Pays-Bas et l’Allemagne (respectivement un « package », et plus particulièrement une relance du QE « disproportionnée par rapport à la situation économique actuelle » selon Klaas Knot, une BCE qui a même « dépassé les bornes » d’après Jens Weidmann), mais également d’un autre « poids lourd » plus inhabituel de la zone euro : la France.    

Pour justifier ce package, la BCE pointait du doigt des échanges commerciaux atones dans un contexte d’incertitudes mondiales persistantes, causes du ralentissement prolongé de la croissance (même s’il demeure d’excellents soutiens comme l’emploi), et de ternes projections d’inflation, encore revues à la baisse. Et si certains doutent de l’efficacité de ce package (le président de la banque centrale néerlandaise Klaas Knot en première ligne), Draghi renvoyait la balle aux gouvernements, appelant les états à agir conjointement pour soutenir la croissance : ceux qui ont « de la marge budgétaire devraient agir de manière efficace et rapide ». Voilà qui est dit. L’Allemagne se sentirait-elle visée ?  

Des statiques américaines rassurantes

Celui qui aura encore plus de mal à justifier une réponse aux hautes attentes du marché sera Jerome Powell cette semaine. Outre le soutien d’un marché de l’emploi extrêmement solide (d’ailleurs, les inscriptions hebdomadaires au chômage s’inscrivaient en baisse à 204.000, les analystes tablaient pour leur part sur 215.000 inscriptions), les Etats-Unis bénéficiaient de quelques bonnes statistiques, notamment sur le plan crucial de l’inflation. Même s’il ne s’agit pas de l’indicateur le plus suivi par la Fed, l’indice des prix à la consommation ressortait à 1,7% en glissement annuel, 2,4% pour la composante core (sans les composantes les plus volatiles que sont l’énergie et l’alimentation). Les chiffres de ventes au détail progressaient de 0,4% sur le mois d’août, plus que les +0,2% anticipés par les analystes, poussées par les ventes de voitures, en signe de confiance des consommateurs américains. Autant dire que les paroles de Jay Powell seront épiées…

Pékin et Washington dressaient la table des négociations pour octobre …

Sur le front commercial, la semaine dernière insufflait l’idée d’une reprise sereine du cours des discussions commerciales prévues en octobre à Washington. 

C’est la Chine qui a commencé à se montrer conciliante en exemptant de tarifs douaniers certaines de ses importations américaines jusqu’alors taxées à 25% depuis l’année dernière, à partir du 17 septembre et pour 1 an. On parlait de produits allant des pesticides aux lubrifiants, nourriture pour poissons aux produits pharmaceutiques … de quoi surtout alléger un peu la pression sur les industriels chinois.

Dans la foulée, Donald Trump faisait un « geste de bonne volonté » pour reprendre ses mots, synonyme de report du 1er au 15 octobre l’augmentation annoncée le mois dernier du taux de droit de douane de 25% à 30% sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises …

Finalement, si les produits agricoles si chers à Donald Trump pour sa campagne de réélection 2020 ne faisaient pas partie de la liste d’exemptions de la Chine, il n’a pas fallu attendre bien longtemps… Le troisième geste de la semaine portait cette fois notamment sur le porc et le soja. Accessoirement, signalons qu’en Chine, la peste porcine africaine sévit toujours depuis l’hiver dernier, et le pays fait aujourd’hui face à une épidémie. Vrais gestes de bonne volonté ou soutien à l’économie chinoise ? Quelle que soit la motivation de ces initiatives, elles donnaient en tous cas des arguments positifs pour espérer voir progresser les discussions.  

Car parallèlement, certaines statistiques chinoises montrent que ses précédentes mesures de relance risquent de ne pas suffire … Les prix à la production s’affichaient en plus forte baisse depuis août 2016 (-0,08% par rapport à il y a 1 an) ce qui était attendu, mais confirmait la tendance des entreprises chinoises à baisser leurs prix pour contrer les effets des tarifs douaniers.  

Au bilan

Les principaux indices européens et américains s’offraient une nouvelle semaine de hausse : EuroSTOXX 50 +1,57%, CAC 40 +0,92%, DAX +2,27%, Dow Jones +1,58%, S&P 500 0,96%, NASDAQ +0,91%.  

La BCE en soutien à l’économie et les signes d’apaisement commercial reléguaient en second plan les craintes de récession. Les rendements des références « safe » (Bund, Treasury 10 ans) repartaient ainsi à la hausse et effaçaient totalement leur écrasement du mois d’août ! Et en Europe, les spreads se resserraient face aux références du sud (10 ans espagnol et italien).

ET PENDANT CE TEMPS-LÀ …

  • Boris Johnson manquait sa dernière chance de provoquer des élections au plus vite (le 15 octobre), avant le « congé » du Parlement prolongé jusqu’au 14 octobre… A moins que cette suspension prolongée ne soit jugée illégale ? Quelqu’un y comprend-il encore quelque chose ? …
  • Le belliciste John Bolton (souvent qualifié de « faucon »), notamment partisan d'une ligne dure contre l'Iran, conseiller à la sécurité nationale (le troisième depuis le début de « l’ère Trump » !) s’en allait de son poste. Doit-on s’attendre à plus de souplesse dans les relations étrangères ?  
  • La Tunisie passait aux urnes pour la deuxième élection présidentielle au suffrage universel direct depuis la révolution de 2011.
  • … 

À SUIVRE CETTE SEMAINE

Après la BCE, ce sera désormais au tour de la Fed de communiquer sa décision sur sa politique monétaire mercredi, et autant dire que l’exercice sera encore plus compliqué qu’en Europe (rappelons un tweet de Donald Trump : « La Fed devrait ramener ses taux à ZERO, ou moins, et nous devrions ensuite commencer à refinancer notre dette ») ... La banque d’Angleterre nous fera également part de sa décision le jour d’après, en plein milieu d’un Brexit qui laisse totalement le pays dans le flou.

Cette semaine s’ouvrait néanmoins sur la flambée des cours du pétrole après l’attaque d’infrastructures stratégiques du producteur étatique Saudi Aramco ce weekend… 

 

 

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